Bouffée de liberté

Il est étrange que les derniers fumeurs dont votre serviteur fait partie ne soient pas encore obligatoirement badgés comme néfastes à la société. Paradoxal également que ceux qui se sont libérés de cette addiction, personne ne nie que le tabac en est une, ne continue pas de verser à l'Etat les juteux dividendes que la reine Nicotine qu'il vilipende tant continue chaque minute qui passe de verser dans ses caisses. Pas de badge de la honte donc mais lorsque nous ne battons pas la semelle, frigorifiés, voire un brin grotesques, l'hiver, devant notre lieu de travail, nous sommes généralement enfermés dans des aquariums malodorants et exigus où poissons rouges parias du XXIème siècle nous grillons quasi sans plaisir notre cigarette de l'opprobre. Dieu que ce fut bon alors de pénétrer hier dans le fumoir de l'Hôtel de Sèze, ce havre de paix et de confort, beaux et confortables fauteuils de cuir, parfum subtil et néamnoins prégnant et temps suspendu. Petit plus apporté à la clientèle plutôt aisée de ce 4 étoiles, certes, mais chacun sait que ce sont toujours les détails qui ont le dernier mot. Dans cette réserve indienne où sont aujourd'hui parqués les fumeurs, qu'elle était donc savoureuse, alors, dans cette parenthèse délicieusement cosy, cette surprenante bouffée de liberté. Quant à celles et ceusses à l'irréprochable hygiène de vie, que ces quelques lignes pourraient offusquer, soyez sans crainte, vous ne manquerez pas, à votre tour, en parfaite santé, de mourir un jour.