L'aile de la cathédrale
Je passe devant depuis 1976 et je ne l'avais encore jamais vu. Ce n'est pas tous les jours que l'on découvre un bout de cathédrale. Hier, peu avant onze heures, la pierre blonde de Pey-Berland m'a quasi pétrifié. Surgie d'une nuit de 37 années consécutives lorsque je n'avais pas 20 ans et que je pensais ne jamais voir la fin de ces travaux. Altière et magnifique, l'aile blonde se dressait telle la Vierge Marie devant Bernadette Soubirous ou peu s'en faut. Immortaliser cette apparition brutale dans l'estivale matinée de ce vendredi automnal sur le champ imposa son envie viscérale. Mon tramway attendrait. Les voies du Seigneur n'étaient plus impénétrables. L'artisan perché sur son échafaudage me regarde. A quoi peut-il donc songer ? Devine-t-il que touriste point tout à fait ordinaire suis-je, s'interroge-t-il toutefois sur la nécessité de mon cliché ? Je ne suis pas un touriste cher monsieur, chevalier sans vertige. Je vis ici. Et ce n'est pas tous les jours que je m'envole sur l'aile de la cathédrale.