Fenêtre sur cour
Je me souviens qu'au retour de mon premier voyage à Paris en stop avec Sylvie le camion qui nous déposa quai de Paludate à 4 heures du matin nous ouvrit le ciel sur la tête. Il faut quitter cette ville puis revenir à Bordeaux pour saisir à quel point l'horizon ne s'y heurte à nul obstacle. Chargés de sacs au dos et jusqu'à notre domicile de la rue des Frères Bonie, cette marche fut une pure merveille. Paname, bien sûr, du haut de nos 19 ans, nous avait enchanté mais pour la première fois, nous découvrions à quel point le ciel bordelais épousait notre regard, restait intrinsèque à nos rêveries. En 1999, aménageant dans ce quartier Fondaudège où je réside toujours, je découvrai les jardins aussi nombreux qu'insoupçonnables derrière les façades de maisons d'apparence banale. Un jour, je vis une piscine dans un salon et je sais aujourd'hui que des parcs peuvent se dissimuler en toute discrétion. Un quartier plus loin, aux Chartrons pour reparler de piscine, je connais à deux pas de la Halle, ce bassin sur le toit entouré de verdure, sur un immeuble anonyme dans une ruelle qui ne paye pas de mine. Depuis juillet 2012, dans mon nouveau studio, je vois chaque fois que je pianote sur mon clavier d'ordinateur, ce coin de ciel par ma fenêtre. Derrière la palissade en bois qu'on aperçoit, sur leur toit-terrasse une famille qui sait vivre, aux belles soirées revenues, dîne en laissant s' écouler le temps paresseusement. Parfois éclatent des rires d'enfants. Ya pas grand-chose de plus lumineux au monde que le rire d'un enfant.