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Le Bordo de Dorso
28 mars 2013

Bordeaux pourquoi faire ?

Bordeaux pourquoi faire

Il y a quarante ans, la jeunesse de la rive droite vivait quasiment en autarcie. Sans tramway mais non sans gaieté.                             

C’était cela, la rive droite des années 70 de nos adolescences : des petits patelins quasi toulousains où on se traitait de con telle une vraie ponctuation, des amitiés et des embrouilles qui tournaient autour du collège, du stade de foot, de la musique, des «  meules » ( Terme argotique désignant nos mobylettes que ne peuvent guère saisir les chevaucheurs contemporains du scooter )  des gisquettes au bal et dans les booms.

Bordeaux, pourquoi faire ? Nous avions les collines, la Garonne, des gonzesses belles comme des soleils, le frisson des derbys et du vert en veux tu en voilà dans les bois de notre enfance. Bordeaux c’était Paname.

On y allait dans des bus longuets et enfumés avant de griller en Peugeot 102 tous les feux rouges de l’avenue Thiers, pour le cinoche ou acheter le dernier album des Stones. Les gens étaient bizarres, vachement pressés et franchement je me la pète. 

Lycéen à la Benauge, je traversais parfois le pont de Pierre pour retrouver Fred mon meilleur pote devant son lycée Montaigne. Cheminant le long du cours Victor Hugo jusqu’au bar mythique « Le New-York » afin d’ y taquiner notre flipper préféré. Cette arrogance rive gauche vis-à-vis de ceux d’en face, j’en pris seulement conscience emménageant en 1976 dans mon premier appartement, au 7 rue des Frères Bonie, à deux pas du Palais Rohan avec Sylvie.

J’avais dix-neuf berges et je tombai amoureux de cette ville sans pouvoir ignorer, haussement de sourcil par ci, condescendance par là, un mépris d’autant plus blessant qu’invariablement souligné d’un sourire de royal faux cul lorsque j’avouai venir de Carbon-Blanc.

Pourquoi d’ailleurs sauf pour prendre la route de Saint-Emilion ou attraper la nationale 10 pour Paris, ces messieurs polis de la rive gauche eussent-ils franchi la frontière du Pont de Pierre ? N’était il pas notoirement connu qu’au-delà du pont napoléonien vivaient d’étranges tribus aux mœurs barbares, certaines sur les coteaux de Cenon et Lormont, d’autres à Bassens et Carbon- Blanc quant au bec d’Ambès, c’était carrément le Far-West !

Nous l’aimions bien nous, notre Far-West. Le temps s’y écoulait plus paresseusement qu’autour de la place Gambetta, l’accent pointu ne nous y chauffait pas les oreilles, le tempérament était chaud, de nos squaws et chaque jour chantait les copains d’abord. J’y ai passé mes années les plus insouciantes, à courir après un ballon de foot, danser des slow avec les filles, faire des virées en meule de chez l’un à chez l’autre, parler interminablement avec mon meilleur pote de la vie, l’amour, les roses en écoutant inlassablement le même solo de guitare.  Blondinettes ou brunettes, le foot et le lycée, de la préférence entre les Beatles et les Stones :  vous lirez dans 17 ans, rive droite, années 70 une petite idée de ce qu'il en était tout de suite après la visite des nouvelles grottes de Lascaux. Je tenais à démarrer ce blog par un petit clin d'oeil  au territoire d'où je viens. C'est très sérieux d'avoir 17 ans. Bientôt je traiterai du quartier Fondaudège où je vis. En attendant je garde la rive droite sur ma gauche. Comme le cœur.

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